JEUX de cellule

 Chaque mois, prisonniers ou hommes libres,  nous partageons  un "jeu de cellule". Il contient une courte histoire inspirée  de toutes les sagesses du monde et un jeu de silence pour la vivre dans notre cœur.

Avec ce jeu de cellule, nous sommes convié.e.s, prisonniers ou pas, à une expérience de liberté intérieure. 

 


Jeu de cellule pour juin 2023 – le jeune homme et son âne.

L'histoire

 

Il y a très longtemps, un vieil homme vivait dans une ville sainte où il exerçait la fonction de gardien du tombeau d'un grand saint. Lorsque son fils eut 15 ans, son père l’encouragea à quitter la maison et il lui donna un âne. 

Après des années de courses effrénées, l’âne mourut de fatigue au sommet d'une petite montagne. Le jeune homme l'enterra lui-même sur place et en proie à son chagrin, il ne put plus quitter l'endroit où repose son cher compagnon. Il resta là, à méditer sur son passé des jours, des semaines, des mois… jusqu’à ce qu’une étrange paix l’envahisse.

Le bruit se répandit qu'un ermite se tenait en prière sur la tombe d'un Saint. Les pèlerins commençaient à affluer. La renommée du lieu arriva jusqu'aux oreilles du père du jeune homme qui décida de s'y rendre pour y prier. 

En arrivant, il découvrit son fils qui lui raconta toute la vérité : « Père, cette tombe est tout simplement celle de l'âne que tu m'avais donné, je n'arrive pas à la quitter. C'est donc bien malgré moi qu'on me considère comme gardien de tombeaux ». 

Et le père lui dit : « il en est exactement de même pour moi. Le mausolée que je garde depuis 50 ans a été construit, quoique j’ai pu dire, sur la tombe de l'âne que mon père m'avait donnée lorsque j'avais ton âge. »

Dans le fonds de son cœur, le vieux père savait bien que ce n’était pas un saint que les gens venaient prier mais l’âne, marque de l’amour profond entre un fils et son père.

Et, nous, sommes-nous en paix avec nos pères ?  


Le jeu de cellule ou la médiation du mois 

 

Assis, immobile pendant 20 minutes, je fais revenir en moi des souvenirs récents ou lointains de mon père. Je me laisse toucher par ses douleurs profondes. Je cherche un geste ou quelques mots de tendresse pour lui. 


Le mot du mois 

 

Nous rêvons tous de vivre le cœur en paix. Mais ce rêve est troublé parfois troublé par nos colères contre nos pères. 

Non, nos pères n’ont pas toujours été comme ce vieil homme qui offre un âne à son fils pour qu’il puisse partir vivre sa vie. 

Non, nos pères ne nous ont pas toujours bien aimé. Parfois même, ils nous ont abandonné. 

Oui, il nous arrive d’être en colère contre eux.

Mais peut-être pourrions-nous laisser toucher par leur souffrance d’homme, qui a fait d’eux des pères imparfaits. 

Peut-être pourrions-nous choisir de les aimer parce que, même s’ils nous ont parfois mal aimé, ils nous ont aimé à leur manière. 

Mais il ne fait aucun doute qu’honorer nos pères nous conduira à la paix du cœur.



Jeu de cellule pour juin 2023 – le jeune homme et son âne.

L'histoire

 

Dans l'ancien royaume de Mandingue, vivaient deux porteurs d'eau, au service du même roi.

En se rendant à la source d'eau, le jeune Bakari se moquait de Moussa, le vieux serviteur. Son vieux pot fuyait à cause d'une fissure. Ainsi, à chaque voyage qu'il faisait, il perdait la moitié de son eau.

Bakari se moqua de lui et lui dit : "Vieux fou ! Pourquoi ne remplaces-tu pas ta jarre ? Prends-en une nouvelle ! Nous ferions moins de voyages et notre roi nous tiendrait en estime."

Le vieux Moussa continua à marcher en silence, en regardant vers le bas.

Ils arrivèrent à la source d'eau, remplirent leurs jarres et, sur le chemin du retour, Bakari remarqua que Moussa cueillait des fleurs sauvages d'une beauté éblouissante. "Moussa, dit-il, tes fleurs sont magnifiques. Que vas-tu en faire ?" Moussa répondit : "Elles embelliront la table du roi et rempliront son cœur de joie. Tu vois, pendant toutes ces années, l'eau qui s'est écoulée de ma jarre fissurée a arrosé les graines dormantes le long du chemin."

Bakari est ému par la délicate attention du vieil homme et touché par sa sagesse. Il s'excusa auprès de Moussa d'avoir dit du mal de lui. Et à lui-même, il promit que chaque fois qu'il jugerait les gens, il se corrigerait et s'assurerait d'avoir quelque chose de gentil à dire. Il s'est promis qu'au lieu de se moquer des gens, il prendrait le temps de comprendre ce qu'il peut apprendre d'eux.

Tout comme Bakari, nous avons souvent des Moussas dans notre vie, contre lesquels nous avons de mauvaises pensées. En conséquence, nous ne parvenons pas à voir ce qu'il y a de bon en eux. 


Le jeu de cellule ou la médiation du mois 

 

Je reste assis et silencieux pendant 30 minutes.

-Je peux avoir des personnes contre lesquelles j'ai de mauvaises pensées. Je les laisse librement venir à mon esprit. La main sur le cœur, j'essaie de penser du bien de chacune d'entre elles.  


Le mot du mois 

 

Les hommes ordinaires ont une mauvaise opinion d'eux-mêmes. Par conséquent, ils ne peuvent s'empêcher de penser du mal des autres pour avoir un peu d'estime d'eux-mêmes.

Plus ils répètent ces pensées négatives dans leur esprit, plus ils croient aux mauvaises paroles qu'ils prononcent contre les autres. C'est ainsi que naissent les conflits. Cela ne leur donne pas pour autant une haute opinion d'eux-mêmes, car au fond, chacun préférerait choisir l'amour plutôt que la guerre.

Les sages ne s'empêchent pas de penser du mal des autres. Cependant, lorsqu'ils remarquent qu'ils le font, ils se mettent au défi de penser à quelque chose de gentil à la place. Ils ne veulent pas que leurs mauvaises pensées prennent le dessus.